Le message du doyen de Fléron

LE COMPLEXE DÉFI DES RÉFUGIÉS : NI ANGÉLISME, NI SIMPLISME
Communication de Jean LIEVENS, curé-doyen du Fléronnais (septembre 2015)

Depuis que la problématique des réfugiés gagne l'Europe, les Églises chrétiennes appellent à mettre en œuvre les principes d'accueil inspirés de l'Évangile.
Le Samaritain qui trouve un blessé sur son chemin ne se lamente pas : « Ce blessé ne devrait pas être là ! » Il ne cherche pas des raisons de s'en détourner. Cette victime est là ; il s'en occupe !

Certains européens se donnent à fond dans l'aide aux réfugiés. D'autres expriment des inquiétudes. Ces peurs sont légitimes ; elles doivent être entendues.
Hélas, elles sont instrumentalisées par des groupes xénophobes qui, pour contrer l'unanimisme et ce qu'ils appellent la manipulation des medias, manipulent à leur tour en lançant tantôt des "révélations" aussi grossières que peu vérifiées, tantôt des messages de haine pure. Il suffit d'un clic sur Internet pour recevoir et répandre pareils messages.
Que construisent ceux qui cèdent à la pulsion de les transférer plus loin ? Par pitié, réfléchissons tant au contenu qu'aux conséquences ! Celui qui se prétend plus intelligent que les autres (« Moi, je sais ce qu'on nous cache !... »), se montre à l'inverse plus irréfléchi, voire carrément stupide. Et il est plus facile d'exacerber les peurs que de construire patiemment des solutions.

Cependant, l'on ne peut simplifier ni dans un sens, ni dans l'autre :
oui, cette problématique est très complexe ; oui, cette épreuve qui pèse lourdement depuis des années ailleurs va également travailler l'Europe pendant des années ; oui, le travail ne fait que commencer.

Mais des outils existent. Des organisations n'ont pas attendu pour mettre des procédures en place, en particulier Caritas, un des indispensables interfaces entre l'Office National des Etrangers et les citoyens prêts à accueillir des réfugiés. Dans notre diocèse, depuis des années déjà, l'asbl Un toit pour tous achète et réhabilite des logements pour des personnes en difficulté, réfugiées ou non.
Des tâtonnements, des erreurs, et même des mauvaises surprises, il y en aura : « il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas » – ...ou qui sont dans l'erreur permanente ! Celui qui travaille se salit les mains et s'expose à la critique : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice ! »
Mais, une fois encore, il est bien plus pusillanime de garder les mains dans les poches et de poignarder dans le dos ceux qui tentent d'affronter des questions inédites.

Voici l'appel lancé dans le diocèse de Liège et le point de contact pour passer à l'action.

Vendredi 9 octobre dès 19h30 au centre liégeois du Beau-Mur, rue du Beau-Mur 48 à Grivegnée : UNE RENCONTRE POUR ABORDER LES "QUESTIONS QUI FÂCHENT"
"Allons-nous être envahis ?... Accueille-t-on de vrais réfugiés ou de simples immigrés, voire des djihadistes déguisés ?... Alors que la sortie de crise se fait attendre, avons-nous la capacité à accueillir, loger, payer, donner du travail à ces personnes? Comment agir concrètement ?..."

Avec une particulière acuité, un défi est posé aux européens, et aux chrétiens en particulier. Pour le relever, sa gravité nous interdit tant le simplisme que l'angélisme : les « Y'a qu'à... » n'apportent rien au combat pour l'homme. Puissions-nous être de ceux qui risquent leur modeste pierre à ce chantier dont les plans sont sans cesse à revoir !