UPFléron

Paroisse Sainte-Julienne de Retinne

Église Sainte-Julienne, Voie des Chanoines, 4621 Retinne retinnepaysage

 N 50°.634261   E 5°.69909

Historique de la paroisse Sainte-Julienne à Retinne

(article rédigé par Jacques Versieux)

En bref

Retinne a fait partie de la paroisse de Jupille , la plus ancienne du concile de saint Remacle dès le septième siècle et de celle de Fléron à partir du douzième siècle.
Retinne a été érigée en succursale par arrêté royal du 11 juillet 1842.
Mgr Van Bommel, évêque de Liège, nomme le 28 septembre 1842 les trois membres du Conseil de Fabrique : Henri-Gérard Grailet, François Joachim Fléron, Jean Dor-Dor.
Le 28 octobre, le gouverneur de la province nomme membre du conseil : Jean-François Xhauflair et André Pasteger et le conseil est installé par le bourgmestre de Retinne Melchior Delsemme.
Le 30 décembre, Retinne est érigée en paroisse par Mgr Van Bommel qui nomme Nicolas Joseph Bosard de Verviers, vicaire de St Nicolas à Liège, premier curé de Retinne le 30 mars 1843.
Immédiatement, celui-ci ouvre dans la paroisse une souscription pour la construction d'une nouvelle église. Celle-ci rapporte 10.040 francs.
Le devis de construction s'élève à 30.000, le solde sera pris en charge par la commune et la province.
La nouvelle église de Retinne devait être livrée pour la fête-Dieu 1846, mais l'édifice n'était toujours pas achevé en juillet 1847, les travaux supplémentaires donnèrent lieu à beaucoup de discussions.
Elle a été livrée au culte en 1848 et a été consacrée le 10 septembre 1851 par Mgr Van Bommel et dédiée à sainte Julienne, née à Retinne en 1192. En son honneur, l'abbé Bosard voulait une belle église avec un beau mobilier. Il en fut récompensé 150 ans plus tard: le bâtiment (style néo-gothique) et tout son mobilier, des meubles remarquables : chaire de vérité endommagée en 1944 et restaurée partiellement, l'escalier tournant réalisé par un menuisier local, les peintures du choeur et les vitraux racontant la vie de Ste Julienne, furent classés le 13 février 2001.

Liste des curés, vicaires et résidents de la paroisse de Retinne :
Nicolas Joseph Bosard 1843 – 1853
Laurent Joseph Henchenne 1853 – 1872
François Edouard Dubois 1872 – 1907
Louis Kittel 1907 – 1911
Oscar Madenpacher 1911 – 1944
Raymond Nihan vicaire de 1940 à 1946
Léopold Joachim 1944 – 1964
Albert Parent vicaire de 1946 à 1951
J.Gluszak vicaire Polonais de 1953 à 1959
Wenceslas Gorniak vicaire Polonais
Servais Geelen 1964 – 1973
François Brandt 1973 – 1978
François Damas résident de 1974 à 1978
Henri Crosset 1978 – 1979
Jacques Wilmotte 1979 – Juillet 1980
René Gillard, professeur à Liège, administrateur de 1980 à 1981
René Denooz 1981 – 1983
René Gillard, administrateur de 1983 à 1992, assisté en cas d'indisponibilité par, entr'autres, l'abbé Olivier Chaineux, RP Tellings sj...
Etienne Weickmans résident de 1992 à 1993
Jean Bahim, doyen de Fléron
Paul Karen, résident de 1994 à 2005
Lambert Malbrouck, doyen de Fléron
Léo Palm, doyen de Fléron
Jean Lievens, doyen de Fléron
Olivier Windels, professeur au séminaire et résident depuis 2009

Toute l'histoire

L'histoire religieuse de Retinne, à l'image de son Histoire, est très dense et complexe.
En effet : « nihil novi sub sole » (rien de neuf sous le soleil), les Fourons, BHV ou la frontière linguistique ne datent pas d'aujourd'hui: en terme simple, on pourrait dire qu'à l'époque, Retinne se trouvait sur deux provinces.
Cela aura, évidemment, une influence sur la vie religieuse.

C'est peu après le partage de Verdun en 843 que Retinne est cité pour la première fois dans un document : une charte de 847 indique que l'abbaye St Remi de Reims a des revenus « in Retinis », à Retinne.
L'empire de Charlemagne est partagé en trois : la Germanie à Louis, la Lotharingie à Lothaire, la France à Charles le Chauve.
Désormais, une frontière d'Etat sépare Reims de Retinne.
Ce fut le prévôt de la collégiale de Meersen (en Lotharingie Hollande aujourd'hui) qui exerça au nom de l'abbaye bénédictine de St Remi les droits seigneuriaux jusqu'en 1588 sur Retinne Hors banlieue.
En effet, les disputes continuelles entre Louis le Germanique et Charles le chauve affaiblissent le pouvoir central et de nouvelles principautés naissent : le comté de Dalhem, le duché de Limbourg, la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et surtout la principauté de Liège.
C'est ainsi que le hameau des Trois Chênes se trouvait « en banlieue », dépendait de l'avouerie de Fléron et de ce fait de la principauté de Liège et les autres hameaux (Surfossé, Liery, Basse Retinne) étaient en « hors banlieue » et constituaient une seigneurie distincte avec cour de justice et étaient propriété de l'abbaye St Remi à Reims,  mais gérés par Meersen.
Il y eut un moment, un bourgmestre de Retinne banlieue et un bourgmestre de Retinne Hors banlieue.
L'église de Fléron fut l'église paroissiale des Retinnois pendant 7 siècles au moins.
Les Retinnois sont donc baptisés, mariés et enterrés à Fléron.
Autour de l'église St Denis, quelques pierres funéraires en témoigne.
Un autre témoinage nous est donné par la « Voie des messes ». A l'époque, ce sentier (la route existe toujours aujourd'hui) reliait les quartiers de Liery, de Surfossé et de la Basse Retinne à l'église St Denis en serpentant au travers des marécages des sources de ce qui s'appellera plus tard la Julienne.
En 1588, l'abbé de St Remi vendit la seigneurie de Retinne à Jean-Baptiste d'Hardencourt, seigneur d'Angleur dans la même situation politique que Retinne. Il fut seigneur de Retinne de 1588 à 1598.
Leur fille Anne de Hardencourt, épouse de Henri Vannes céda ses droits seigneuriaux sur Retinne aux Pères Chartreux de Liège à condition d'y bâtir une chapelle et d'y entretenir un prêtre pour dire la messe et y tenir école.
C'est ainsi que Retinne fait désormais partie de la principauté de Liège.

Les chapelles et oratoires à Retinne

La chapelle de Liery
La chapelle de Liéry, bâtie en 1681 au croisement de la Voie des Chanoines et de la rue de Liéry fut consacrée à Notre Dame de Miséricorde en 1682.
Indépendants du curé de Fléron et payés par la donation d'Anne Vannes, les prêtres desservants de la chapelle de Liery au titre de vicaires furent :
1 : Balthazar Dor jusqu'en 1709
2 : Joannès Janne jusqu'en 1711
3 /4 : François et Toussaint Labeye 1712 à ?
5 : Jean Watrin ? à 1736
6 : Hubert Goby 1736 à 1758
7 : Jacques Fléron 1758 à 1828
8 : François Grailet 1828 à 1841
9 : Après sa mort, l'abbé Nelis, curé de Queue du Bois est venu dire une messe le dimanche à la chapelle de Liéry jusqu'à l'arrivée du premier curé de Retinne.
Elle servira de lieu de culte temporaire, le temps de la construction de l'église paroissiale.
Le mobilier de la chapelle sera vendu et dispersé à Bellaire et à Jupille.
La commune devenue propriétaire des lieux vendit les briques pour payer la construction de l'église.
Il ne reste que quelques fragments de vitraux exposés d'ailleurs au fond de notre église. Ils ont été restaurés en 1996 pour les célébrations du centenaire de la paroisse et exposés pour la première fois à l'exposition «Retinne, de Sainte Julienne à l'an 2000» à Batifix.
On a également retrouvé des ossements, un petit cimetière entourant la chapelle.

L'oratoire Sainte Julienne
L'abbé Bosard entreprit des fouilles le long de la rue « Voie des messes », autour d'un petit oratoire où la tradition orale situait le lieu de naissance de Julienne.
On retrouva effectivement des traces de fondations, sans plus.
Plus tard, un oratoire fut reconstruit. Lors du 750ème anniversaire de l'institution de la Fête Dieu, une grande procession fut organisée et les pélerins de tout le Fléronnais accompagnèrent une belle grande statue de Sainte Julienne appartenant à la paroisse de Fléron pour y être installée à demeure.

La chapelle à la lice
En1646 , le seigneur et les manants de Retinne donnèrent à Isabeau Lelièvre, épouse de Fassin de Werixhas des Trois-Chênes, un terrain entre les communautés de Fléron et de Retinne (à la lisière de ... d'ou son nom : Chapelle à la lisse) pour y construire une chapelle et y célébrer une messe par semaine. Elle se situait dans le prolongement de la rue Chapelle à la Lice au pied du fort de Fléron.
Par acte notarié, c'est le curé de Fléron qui officie mais son sacristain doit être de Retinne Hors Banlieue... ( Les compromis à la Belge ne datent pas d'aujourd'hui...) lequel doit servir la messe et fournir vin et hostie.
La chapelle fut consacrée à Notre-Dame Consolatrice et plus tard le culte de St Hubert s'y développa, rassemblant à la grand-messe du 3 novembre une nombreuse assistance avec sonneries de cors de chasse.
Cette chapelle est tombée en ruine vers 1865.
Il s'en suivit un long conflit entre la paroisse de Fléron et la nouvelle paroisse de Retinne pour la possession de cette chapelle.
Monsieur le curé Bosard retrouve les actes notariés, la chapelle à la Lice (all lisse) est bien à Retinne.
Une nouvelle chapelle a été bâtie en 1872 grâce au financement de l'ancien curé Bosard et sous sa direction mais avec l'opposition du curé Henchenne, son successeur. Question d'argent....
Nouvelle querelle : le curé Henchenne refuse d'y célébrer la messe car les messes fondées étaient restées à Fléron et qu'il estimait d'autre part que la chapelle était trop petite...
En fait, elle ne servit que comme reposoir pour la procession de la Fête Dieu.
Elle sera détruite au début de la guerre 14-18, sur ordre du commandant du fort : elle se trouvait dans son champ de vision et de tir vers l'envahisseur.
Grâce aux dommages de guerre, elle fut reconstruite à l'emplacement actuel avec l'aide importante des ainés de l'Unité Scoute et des habitants du quartier de la gare et des Trois Chênes.

Mais l'esprit village a bien changé. De petit village agricole de 700 habitants, artisans ou agriculteurs, il devient une grosse bourgade ouvrière depuis l'ouverture du charbonnage de Hasard vers 1850. Les ouvriers s' installent autour de la gare nouvellement construite et dans le quartier de Retinne Trois Chênes.
Les mineurs proviennent des mines de plomb en cours de fermeture ( Plombieres, Montzen..), des premières migrations ( allemands, polonais) et les ouvriers flamands de Campine, région défavorisée à l'époque.
Les curés Kittel et Madenpacher furent nommés pour leur connaissance de l'allemand et du néerlandais.
Le village, à l'image du Retinne « banlieue » et du Retinne « hors banlieue » présentera deux visages : le monde agricole et le monde ouvrier; la droite et la gauche. Le curé Joachim s'y sentira toujours mal à l'aise et on ne le verra guère à la chapelle à la lice ; ce sont des désservants extérieurs qui assurèrent l'animation et les offices religieux.
L'abbé Paul Bellefontaine, professeur au collège de Herve, sera le prêtre dominical et l'aumonier de l'unité scoute, très florissante à l'époque. La chapelle sera très fréquentée au point que le dimanche, à la grand-messe, les fidèles se trouvaient sur le pas de la porte. C'était aussi le lieu de culte pour les communautés italiennes et polonaises.
L'abbé Servais Geelen lança la construction de Batifix (locaux patros, local pour les adultes et salle polyvalente chapelle et salle de spectacle).
Batifix et la fermeture du Hasard marqueront le début du déclin de cette chapelle.
Aujourd'hui, les offices religieux ne sont plus célébrés que dans l'église paroissiale: la chapelle à la lice est devenu un local scout, la chapelle de Liéry a disparu depuis plus de 150 ans, l'oratoire sainte-Julienne est le lieu de célébration de sa fête début août, et il n'y a plus, qu'exceptionnellement, de célébration à Batifix. Batifix est aujourd'hui au service des divers mouvements paroissiaux et laics. Son objectif est d'être un centre d'accueil ouvert à tous, particulièrement des mouvements sociaux : Saint Vincent de Paul, les mouvements sociaux et d'animation de la Mutualité Chrétienne, les mouvements citoyens et patrimoniaux.

Bibliographie

Histoire de Retinne: Cercle historique de Fléron - Auteur : Jean Mornard
Chronique paroissiale: Notes des Curés Edouard Dubois et Oscar Madenpacher.

[Edifice néo-gothique, en briques et calcaire, construit en 1847 sur les plans de l'architecte SUYS.

A l'intérieur, décoration néo-gothique d'intérêt : voutes peintes, autel, chaire de vérité, stalles, frise du choeur, statues (1847-1855)]

 

 

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